RETOUR SUR LES « ÉCHANGES URBAINS » À TOULOUSE

Le 29 novembre dernier se déroulait à Toulouse les « Échanges Urbains » 2018. Une partie du CAUE de la Haute-Vienne avait fait le déplacement.

Organisée par l’APUMP (Association des Professionnels de l’Urbanisme Midi Pyrénées Occitanie) depuis 2008, cette biennale de l’urbanisme propose, à travers la présentation de 40 projets, de nourrir les réflexions et les échanges autour de l’aménagement et de ses enjeux actuels.

C’est une occasion précieuse de croiser des démarches et des projets qui tentent de répondre aux problématiques actuelles du « cadre de vie » comme l’étalement urbain, la dévitalisation des centres bourgs, l’appauvrissement des ressources ou encore la moindre qualité des espaces publics.

Ces échanges s’organisaient cette année autour de six thématiques :
· Projets de territoire et politique de l’habitat
· Nature en ville et préservation de la ressource
· Espaces publics
· Démarches de participation et méthodes et processus
· Renouvellement urbain
· Nouveaux quartiers et écoquartiers

Les échelles de projet y sont très diverses : de l’aménagement d’espace public jusqu’au projet de territoire.

Ces moments de découvertes, d’échanges et de rencontres autour de projets croisaient tous les acteurs de l’aménagement : élus, commanditaires, techniciens, concepteurs… L’événement était l’occasion de questionner et d’amender les pratiques de chacun, de croiser des regards et des attentes, des « manières de faire », des approches différentes ou similaires, et ainsi confronter des expériences.

Voici deux exemples d’action et de projet présentés pendant ces journées, qui peuvent susciter réflexion et entrer en résonnance avec les problématiques que l’on rencontre sur notre territoire.

Dans la thématique « démarches de participation », le CAUE de l’Aude a présenté « Revivre en centre-bourg ».

Le projet s’appuie sur le constat de dévitalisation des centre-bourgs qui se manifeste par de nombreux facteurs : la vacance de nombreux bâtiments ; des commerces et services qui ferment ; une vie sociale qui disparait due à une offre d’habitat vieillissante ou inadaptée ; à la prégnance de la voiture ; à l’étalement urbain et à l’éloignement des lieux de travail entre autres.

Suite à cet état des lieux, le CAUE a lancé en 2015 un concours d’idées auprès d’étudiants et de jeunes professionnels de l’aménagement (architectes, urbanistes, paysagistes, sociologues,..) portant sur les nouvelles manières d’habiter les centres-bourgs anciens. Cette démarche, développée dans deux villages de l’Aude, a donné lieu à une restitution, une remise de prix, une table ronde, une exposition, une plaquette et un film (https://www.caue-lr.fr/des-propositions-innovantes-pour-les-centre-bourgs). Son ambition est de travailler à redonner envie de vivre en centre-bourg en proposant des actions sur les logements, les îlots et les espaces publics. Dans le prolongement de ce concours d’idées, un chantier participatif a été lancé en 2016, autour d’élus et d’habitants de la commune de Bouilhonnac. Ce chantier patrimonial de peinture à l’ocre de menuiseries du centre-bourg (portes, fenêtres, volets…) associe habitants, UDAP (Unité Départementale de l’architecture et du Patrimoine) et CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment). Cette opération, déclinée par la suite dans d’autres communes, permet de mettre en place une dynamique collective de réappropriation de l’espace public par les habitants, autour d’une journée festive très concrète de transformation de son cadre de vie.

Dans la thématique « espaces publiques », le projet « Les granges de St-Jean, espace intergénérationnel » a été présenté par un de ses maîtres d’œuvre.

Saint-Jean est une commune périurbaine de Toulouse au relief vallonné. Elle est traversée par une départementale bruyante, qui supporte un trafic important et coupe le bourg en deux. Le cœur de ville est finalement matérialisé par un rond-point qui met en lumière un aménagement très routier.

Le projet présenté a pour ambition de créer un ensemble multigénérationnel accompagné par un espace public de qualité. Il s’agit de renforcer la centralité du centre-bourg ancien en couplant équipement structurant (médiathèque, ludothèque, MJC, espace sénior) et espaces publics ouverts à tous et de qualité. Comme l’évoque le groupement pluridisciplinaire de maîtrise d’œuvre, « nous sommes plus sur de l’art de vivre que sur de la qualité de vie ».

L’aménagement de la commune a été analysé pour comprendre la façon dont la ville a évolué historiquement ; l’idée étant de trouver un fil conducteur pour ancrer ce projet dans ce qui fait l’identité de la commune.

Le constat est clair : la ville ne se développe que depuis peu sous la forme de lotissements au grand parcellaire, tournant le dos à son évolution initiale. En effet, la commune s’est en partie construite sur une composition parcellaire en lanières. La question est ainsi posée : « ces traces parcellaires passées, peuvent-elles participer à la construction du projet d’aujourd’hui ? ». Il s’agit alors de composer cet espace intergénérationnel en gardant l’idée de retravailler avec un foncier assez étroit.

Pour répondre à ces enjeux, la structure bâtie a été coupée en deux pour respecter et réintégrer ces lanières au projet. Les deux bâtiments sont reliés par une passerelle que l’on traverse, véritable pont entre le Nord et le Sud du centre-ville.

Cet ensemble devient « un vaste mail où toutes les générations peuvent se retrouver ». Bien que chaque élément possède ses propres délimitations (le jardin des seniors, la courette de la MJC, la terrasse des enfants, etc.) leurs accès convergent tous vers le même espace. Propice à l’échange social, ce lieu accueille plusieurs éléments en ce sens, comme un terrain de basket ou un terrain de pétanque.

Le fil conducteur du bureau d’étude « d’une ville à l’autre » semble respecté : « notre ambition est ici de prouver que la création d’espace dédié à chaque public et de plus en plus isolé n’est pas la solution. Nous espérons montrer ici combien nous avons tout à gagner à réorganiser des bâtiments et des espaces publics ouverts dans lesquels toutes les générations peuvent se retrouver. »


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